Des phoques blancs sur la banquise avec un traineau rempli de cadeaux en fond - Les Comptoirs Imaginaires

Mio et la magie de Noël

Tout l’Oultre monde se préparait pour les fêtes de noël.

Monsieur Blaireau avait accroché ses plus belles chaussettes au manteau de sa cheminée, miss Écureuil avait accroché son étoile de noël au sommet de son vieux chêne, et le baron Crapaud avait envoyé sa lettre vers le grand nord… avec une liste de cadeaux bien trop longue… comme chaque année.

Dans l’atelier du Père Walrus, au plus profond du nord lointain, l’agitation battait son plein et l’air était empli de soucis. 

Noël approchait, et pourtant, le grand traîneau, tiré par les robustes phoques du père Walrus, restait figé sur place.

La magie nécessaire à son envol semblait s’être évanouie. Le Père Walrus, notre bon vieux morse débonnaire,  vêtu de son éternel manteau rouge, appela son fidèle aide pingouin, Mio.

« Mio », dit-il de sa profonde voix, « Noël ne pourra avoir lieu si ma magie ne revient pas. Nous avons besoin d’une force spéciale pour réveiller l’esprit de Noël ! ».

« Que faire Père Walrus ? » lui répondit Mio, inquiet.

« Nous avons besoin d’une solution, au moins une piste », répondit le vieux morse. « Je ne peux m’absenter si près de noël, c’est donc toi qui ira chercher les réponses à nos questions, je ne peux compter que sur toi pour cette missions des plus importantes ! ».

Mio,saisissant l’importance de cette tâche et l’honneur qui lui était fait, partit immédiatement.

« Je dois retrouver ce vieux matou d'Hector ! » pensa immédiatement Mio. « Si quelqu’un peut m’aider à retrouver la magie de Noël, c’est bien lui ! ».

En effet le vieux chat était célèbre dans tout l’Oultre monde pour avoir été un aventurier chevronné qui ne s’était jamais caché de posséder une boussole magique indiquant à qui l'utilisait où pouvait se trouver l’objet de ses désirs.

Après quelques recherches, Mio retrouva Hector somnolant sous un grand sapin du bois aux fraises.

 

Chat roux endormi sous un sapin de noël

 

Lorsque le pingouin lui expliqua l’urgence de la mission, le chat aventurier sourit et sortit une boussole ancienne de sa poche.

« Cette boussole magique nous mènera là où Noël trouve son souffle…où que cela puisse être »déclara Hector avec un air mystérieux. 

Et ainsi, suivant la boussole pour guide, les deux compagnons se mirent en route, le cœur plein d’espoir.

Leur voyage les fit traverser les plaines vertes du pays muguet, dépasser les cols venteux du mont des taupes, traverser les barrages du lac castor et les marais du baron Crapaud, passant tantôt par les chemins des brumes tantôt par les terribles routes extérieur, terre des Hommes, où il leur fallut être des plus discrets.

 

Grand champs vert aux muguets blancs - Les Comptoirs Imaginaires

 

La boussole les mena jusqu'à des paysages dorés, où le sable s’étendait à perte de vue sous un ciel scintillant d’étoiles. La boussole s’arrêta enfin de tourner lorsqu’ils atteignirent une ancienne pyramide, à mi-chemin des brumes et des terres extérieurs, faille entre les monde, là où le réel et l’imaginaire se touchent, où l’Oultre monde et la terre des Hommes ne font qu’un, parfois un cours instant, parfois des siècles durant.

Au pied de l’imposante pyramide attendait un jeune fennec montant la garde nommé Ramsès, vêtu d’un gilet brodé de symboles anciens que ne comprenaient plus personne depuis bien longtemps.

 

Un fennec montant la garde aux pieds d'un pyramide - Les Comptoirs Imaginaires

 

« Bienvenue mes amis ! Bienvenue ! Qu’est-ce qui vous amène par ici ? » demanda Ramsès, « il y a bien longtemps que je n’avais vu personne dans les parages ».

« La magie de Noël », répondit Mio après s’être rapidement présenté.« Nous avons besoin d’une force extraordinaire pour que le Père Walrus puisse décoller, sans quoi Noël sera irrémédiablement gâché ».

Après un temps de réflexion, Ramsès les mena au sommet de la pyramide, dans une salle où une pierre brillait de mille feux, éclairant, par des ouvertures dans les murs, les alentours du monument, tel un phare une fois la nuit tombée depuis ce qui semblait être des millénaires. 

 

Une lumière étincelante sortant d'une pièce - Les Comptoirs Imaginaires

 

Tout autour poussait de petits arbustes dont les feuilles l’air emplissait l’air de senteurs de figue, de datte et de raisin.

« Ces feuilles », dit Ramsès, « sont imprégnées de siècles d’aventure,  d’histoire qui ont traversé les âges, d’espoirs et d’ambitions des Hommes. Infusées, elles rappelleront à chacun la magie des rêves, l’envie d’être ensemble et le plaisir du partage. Peut-être celà suffira-t-il à faire renaître chez les phoques l’étincelle nécessaire à leur envole ? ».

Mio et Hector cueillirent précieusement les feuilles dorées et prirent le chemin du retour. Mais, avant de partir, le fennec leur remit sa lettre pour le Père Walrus. Sans nul doute la dernière de l’Oultre monde à ne pas lui être parvenu.

« Le facteur ne passe pas souvent », déclara le renard des sables, il y a bien longtemps que je n’ai plus envoyé ma liste au Père Walrus et que je ne fêtais plus vraiment noël… mais cette année j’en ai refais une, juste au cas où… ».

Mio prit la lettre jurant qu’elle arriverait à bon port.

De retour à l’atelier, Mio s’empressa de conter son périple au vieux morse autour d’une tasse de la délicate infusion ramenée de ce voyage.

Le Père Walrus, après une gorgée, sentit une chaleur douce l’envahir, comme si chaque souvenir d’aventure et de Noël renaissait en lui. Il prit précieusement la lettre du gardien de la pyramide et la lu, un léger sourire aux lèvres, et ordonna que l’on prépare les cadeaux du retardataire au plus vite.

 

Un morse habillé en père noël en train de boire une tasse de thé - Les Comptoirs Imaginaires

 

Noël était là et ces derniers cadeaux manquants furent emballés et embarqués en un temps record.

Le Père Walrus se servit une nouvelle tasse dont les senteurs se répandirent dans toute l’étable des phoques. La bu, puis pris place, confiant sur son traîneau.

Ni une ni deux, l’engin glissa sur la banquise et décolla.

Bien des années plus tard,  Mio se pose encore la question : était-ce les feuilles ou la lettre que la boussole l’avait envoyée chercher ? Peut-être les deux…

Toujours est-il que depuis ce jour le Père Walrus s’assure que toutes les lettres de l’Oultre monde connu lui parviennent et boit avant de partir une délicieuse tasse de ce thé au parfum délicat.

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