La cité d'Iram

La cité d'Iram

La cité d'Iram, première partie

Louis Passer était un jeune homme discret, presque effacé, surnommé « le Moineau » par ses camarades en raison de sa timidité et de sa petite taille. Pourtant, sous cette apparence fragile se cachait une âme inquisitrice, avide de savoir et d'aventures. Depuis sa plus tendre enfance, Louis avait été fasciné par les symboles et les codes cachés dans les œuvres d'art, les livres et les bâtiments anciens. Cette passion le conduisit à poursuivre des études en histoire de l'art avant de se spécialiser en archivistique à l'École du Louvre.

Là-bas, il se révéla être un étudiant brillant mais réservé, qui préférait passer ses soirées dans les bibliothèques et les archives plutôt que dans les salons mondains. Cependant, derrière son apparence calme et introvertie se cachait une âme tourmentée, mue par une soif de découverte.

 

Louis avait un don pour la cartographie, la calligraphie et la restauration des documents anciens, des compétences qui lui valurent rapidement une réputation d'expert dans son domaine. Mais ce n'était pas seulement son expertise technique qui le distinguait... Sa rigueur et sa discipline dans son travail étaient exemplaires. Il aimait prendre son temps pour bien comprendre les sujets qu'il étudiait et pour trouver les réponses à ses questions les plus complexes. Il était obsédé par la précision et l'exactitude de ses analyses et ne laissait rien au hasard.

Il était également attiré par le mystère et l'inconnu, par les secrets que les archives pouvaient révéler. Louis avait l'impression que chaque document était une énigme à résoudre, chaque archive une porte vers un autre monde. Il se plongeait dans ses recherches pendant des heures, cherchant des indices cachés dans les moindres détails. Cette quête inlassable le poussait toujours plus loin, à la limite de l'obsession.

Malgré son expertise et sa passion, Louis restait un jeune homme fragile, hanté par des doutes et des peurs. Il avait du mal à se faire des amis et se sentait souvent seul dans ses recherches. Pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher de croire que quelque chose d'extraordinaire l'attendait, quelque chose qui dépassait de loin sa petite existence d'archiviste solitaire.

C’est lors d'une conférence sur l'histoire de la Route de l'encens, à la Bibliothèque nationale de France, donnée par l’aventurier polyglotte, archéologue et passionné d'histoire Charles Huber que le quotidien de Louis allait être quelque peu chamboulé. L’explorateur était venu préparer une expédition sur cette route mythique reliant l'Arabie au Tibet en passant par la Perse et l'Afghanistan. Louis avait écouté avec grande attention la conférence de ce dernier qui était à la recherche d'une équipe et de mécènes afin de se lancer dans cette aventure qui allait le mener sur les traces des anciennes civilisations qui avaient parcouru cette route il y a des milliers d'années.

 

Écoutant l’homme décrire son périple à venir, Louis ne pouvait s’empêcher de se prendre un instant au doux rêve de partir lui aussi à l’aventure… Un rêve rapidement confronté à la réalité de son existence et au terrible constat : que pourrait bien aller faire un « moineau maigrelet » sur des routes si périlleuses, loin du confort et de la sécurité de ses archives ?

Alors que Louis s’apprêtait à quitter la conférence avec ses notes sous le bras, il senti une main se poser sur son épaule.

« Excusez-moi, Monsieur, je ne voulais pas vous déranger », un étrange inconnu venait de le rattraper avec un sourire chaleureux. C’était un homme grand et athlétique, avec des épaules larges et une carrure imposante. Il avait des cheveux bruns ondulés, des yeux bleus perçants qui pétillaient d'intelligence et de curiosité, une barbe courte et soigneusement taillée. Un sourire chaleureux illuminait son visage. Ses vêtements, usés, témoignaient d'une vie aventureuse et riche en expériences. Il portait une chemise blanche et un pantalon de toile beige avec des bottes en cuir marron qui semblaient avoir parcouru le monde entier. La tenue presque caricaturale de l’aventurier de roman qui semble se moquer des convenances, se disait Louis, mais il n'en restait pas moins élégant et imposant.

« Je me présente, Étienne, Étienne Fauvelin » continua l'homme. « Vous êtes bien Louis Passer ? Des archives du Louvre ? Je ne m’attendais pas à vous trouver ici mais je suis très agréablement surpris de voir que les projets de M. Huber aient su susciter chez vous quelque intérêt. J'ai entendu parler de vous, Monsieur Passer. On m'a dit que vous étiez un expert en cartographie et en archivistique. Je ne passerais pas par quatre chemins: j’ai besoin de vos compétences pour un projet que je prépare, un voyage en terre inconnue ».

Louis ne pouvait pas croire ce qu'il entendait. Cet homme étrange le connaissait, lui, un simple archiviste et lui proposait, comme ça, presque sur un coup de tête, de l’emmener avec lui dans quelques aventures au bout du monde.

«J e suis désolé, Monsieur, je… je ne comprends pas pourquoi vous me parlez de tout cela. Je suis un cartographe de bureau, je n'ai jamais voyagé de ma vie. On a dû se tromper en vous parlant de moi ou vous faire une mauvaise farce ».

Étienne sourit de nouveau, comme si cela l'amusait. « Vous êtes modeste, Monsieur Passer. Vous avez une réputation dans le milieu. On m'a dit que vous étiez doué pour les cartes, les dessins, les symboles. Vous êtes exactement ce dont j'ai besoin pour mon voyage ».

Louis ne savait pas quoi répondre. Il se sentait intimidé par la présence de cet homme charismatique aux airs d’aventurier semblant sortir tout droit d'un roman.

« Je suis désolé, Monsieur Fauvelin, mais je ne suis pas intéressé par les voyages. Je suis très heureux ici à Paris, dans ma bibliothèque, à étudier des documents anciens ».

 

Étienne le regarda intensément, comme s'il lisait en lui. « Je comprends votre réticence Monsieur Passer. Mais vous ne savez pas ce que vous manquez. Ce voyage sera extraordinaire. Nous traverserons des terres incroyables, nous rencontrerons des cultures fascinantes. Nous aurons l'opportunité de découvrir des choses que personne n'a jamais vues. Et vous, avec vos compétences, vous aurez un rôle crucial à jouer ».

Louis secoua la tête. « Je suis désolé, Monsieur, mais je ne suis pas fait pour les voyages. Je suis un homme réservé, j'aime travailler dans le calme de ma bibliothèque. Je ne suis pas un aventurier ».

Baissant la tête, Louis tourna les talons et, d’un pas rapide, il quitta la salle de conférence.

 

Derrière lui, il entendit l’explorateur lui crier : 

« Qui vous a dit que je cherchais un aventurier Monsieur Passer ? Moi, je cherche un cartographe, un archiviste, un historien. Et vous, vous êtes tout ! Vous m’entendez ? Vous êtes même plus que cela. Vous êtes un véritable génie dans votre domaine ! ».

 

Louis sentit son visage rougir sous ces compliments qui semblaient le mettre sur un piédestal. Il se demandait si cet homme était sérieux ou s'il se moquait de lui. Il accéléra le pas la tête enfoncée dans ses épaules et les yeux fixés sur ses pieds.

Pendant quelques jours, Louis ne quitta plus ses archives. Il y restait, dubitatif. Il avait toujours rêvé d'aventures extraordinaires en parcourant les mémoires et comptes-rendus d’expéditions, mais il n'était pas sûr d'être prêt à quitter la sécurité et le confort de son bureau pour se lancer dans une expédition risquée à travers le monde. Il avait besoin de temps pour réfléchir à cette proposition qui l’avait pris totalement au dépourvu. Il se sentait d’ailleurs honteux de la façon dont sa rencontre avec Étienne s’était terminée. Il ne faisait qu’y penser. L'enthousiasme et l'énergie de cet homme, qui était à l'opposé de sa propre personnalité introvertie et réservée, le fascinaient. 

Sa décision était prise...

Après de rapides recherches, il se rendit au bureau qu’occupait le mystérieux explorateur lorsqu’il était à Paris. On lui avait confirmé qu’il pourrait l’y trouver : « Fauvelin ? Oh oui, son bureau c’est sa bibliothèque, son lieu de recherche et sa maison, il y dort et y vit quand il est ici. S’il n’est pas en vadrouille ou en conférence c’est là que vous le trouverez ». Louis devait tenter sa chance.

Il frappa à la porte de chêne sur laquelle une plaque de laiton indiquait « Étienne Fauvelin » sans autres indications de poste ou de diplôme, comme si son nom à lui seul suffisait. Il n’était pourtant pas célèbre, mais apparemment qui le cherchait savait déjà qui il était. Il n’avait pas trouvé nécessaire d’étaler, à l’image de ses confrères, l’ensemble de ses titres et compétences sur sa porte.

« Entrez ! » Répondit la voix de l’aventurier.

Il était bien là. Louis ne pouvait plus reculer. Il s’exécuta, ouvrit et passa la porte.

Il fut frappé par l’aspect des lieux. C’était exactement le bureau qu’il avait imaginé.

Un espace fascinant et riche en histoire, agencé de manière fonctionnelle avec des meubles robustes et pratiques, mais décoré d’objets exotiques ramenés de voyages à travers le monde.

Au centre de la pièce se trouvait un grand bureau en bois massif, recouvert d'une épaisse couche de papiers, de carnets de notes, de cartes et de boussoles. Sur les étagères murales, des livres reliés en cuir sont empilés les uns sur les autres, allant de la littérature des sciences en passant par les récits de voyages et les ouvrages sur l'histoire naturelle.

Des objets exotiques tels que des masques tribaux, des statuettes en ivoire, des cartes anciennes, des instruments de navigation et des armes traditionnelles étaient accrochés aux murs ou disposés sur des étagères. Les plantes tropicales poussaient tant bien que mal dans des pots en terre cuite, apportant une touche de verdure à la pièce.

Un grand globe terrestre trônait dans un coin de la pièce, tandis qu'un télescope était installé près de la fenêtre. Celui-ci offrait une vue sur le parc environnant. Des murs en bois sombre et des planchers en bois massif conféraient une ambiance chaleureuse et accueillante à la pièce.

Étienne était assis derrière son bureau, le dossier tourné vers la porte et ses visiteurs éventuels. Louis pouvait deviner son hôte le regard perdu dans le lointain que lui offrait sa fenêtre.

Sans même se retourner, l’hôte de ces lieux lança joyeusement : « Je suis ravi que vous acceptiez de nous rejoindre dans cette aventure incroyable Monsieur Passer ». 

Louis était estomaqué. Était-il si prévisible ?

« Je suis convaincu que tes talents de cartographe seront indispensables pour notre mission. Pardon, oui, je vais te tutoyer, je tutoie tout le monde et j'attends qu’on en fasse de même pour moi », il se mit à rire et continua : « Nous allons explorer ensemble des terres inconnues, découvrir des trésors perdus et percer les secrets de l'histoire ancienne. C'est une chance unique que nous avons devant nous ».

Louis avait souri, intimidé par tant d’enthousiasme. « Je suis heureux de vous rejoindre », dit-il. 

Étienne éclata de rire, comme s'il avait deviné les pensées de Louis. « Mon cher Louis, tu vas découvrir bien plus que tu ne peux l'imaginer. Tu vas vivre des aventures incroyables, tu vas rencontrer des gens fascinants et tu vas découvrir des choses que tu n'aurais jamais cru possibles. Mais, surtout, tu vas apprendre à sortir de ta zone de confort et à embrasser l'inconnu ». Louis hocha la tête, un peu anxieux mais également excité à l'idée de ce qui l'attendait…

 

 

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